Comment pratiquer la pédagogie différenciée en formation

Publié le 27/08/2024

Les apprenants possèdent chacun un comportement, une personnalité, des compétences et des habitudes qui leur sont propres. Plusieurs facteurs expliquent cette différence, en l’occurrence : l’origine socioculturelle, le contexte environnemental ou les contraintes psychologiques. La pédagogie différenciée se sert de cette hétérogénéité à des fins d’éducation. C’est ainsi qu’émerge le concept d’apprentissage différenciée, également connu sous le nom de pédagogie différenciée. Comment mettre en pratique cette approche didactique.

La pédagogie différenciée, la différenciation pédagogique ou l’enseignement différencié accorde une place essentielle aux besoins de l’apprenant. La démarche essaie dans la mesure du possible de s’adapter à ses attentes afin d’en dégager les solutions adéquates et de mobiliser le matériel pédagogique nécessaire à son apprentissage.

La pédagogie différenciée part du constat que la diversité des apprenants en matière de : profil, de niveau de développement (moteur, cognitif, affectif), d’aptitudes peut devenir le levier du succès de la formation. Sa finalité est de présenter un programme pédagogique en adéquation avec l’évolution de la pensée. Cette pratique pédagogique de Carol Ann Tomlinson (auteure américaine et conférencière) se démarque des autres formes pédagogiques par sa flexibilité.

Dans la pédagogie classique, l’élève est amené d’un point à un autre dans son cursus de formation. Le processus différencié se détache cependant de cette démarche habituelle. Elle fait usage des ressources disponibles qui permettront aux apprenants d’atteindre les compétences recherchées suivant leur cadence.

Au lieu de se focaliser sur les connaissances à transmettre, la méthode se concentre principalement sur l’apprenant. Elle passe au crible son profil (conduite, besoins, projets…).

Chaque détail fait l’objet d’une analyse minutieuse afin d’extorquer les données qui définiront l’objectif d’apprentissage et orienteront le formateur vers le programme scolaire adapté.

La différenciation pédagogique repose sur 3 postulats de départ :

Une communication fluide entre les équipes qui gagne à se conjuguer d’une approche pluridisciplinaire du formateur ;
Une approche par les compétences impliquant une modification des pratiques éducatives et la mise en place de dispositifs d’auto-évaluation ;
La mise en place de ressources qui adapteront le dispositif d’enseignement au contexte.

Des préconisations sont également de mise :

Dans la salle de formation : le formateur devient la personne ressource qui sert de guide. Il organise le travail selon différentes méthodes : des groupes de compétences, un emploi du temps en fonction de la disponibilité des apprenants et l’usage de moyens flexibles pour assouplir l’organisation.
Hors de la classe: un tutorat est organisé dans le cadre d’un accompagnement. La démarche fait appel à des partenaires extérieurs : experts, associations de quartiers, collectivités associées à certains dispositifs éducatifs…

La différenciation de contenus consiste à utiliser plusieurs matériels dans le processus d’apprentissage sans pour autant détourner les apprenants de l’objectif pédagogique. En situation collective, il peut s’agir de distribuer des extraits différents d’une même œuvre aux groupes dans l’objectif de les conduire à un même raisonnement et de susciter les mêmes questionnements. Les élèvent peuvent également travailler en situation individuelle et se concentrer sur des contenus différents qui aboutissent aux mêmes résultats.

La différenciation de contenus recourt aux ressources audiovisuelles variées, mais privilégie aussi la recherche autonome.

La différenciation par les procédées fait appel à l’imagination du formateur. Elle renvoie à l’utilisation de plusieurs méthodes d’apprentissage à chaque séance. Il peut, par exemple, varier (réduire ou rallonger) le temps d’exécution d’une tâche, en fonction du degré de difficulté ou du niveau des apprenants. Il peut aussi enrichir les pistes d’apprentissage.

La variation des procédés facilite le repérage des stagiaires en difficulté qui peinent à suivre le rythme et qui réclament plus d’attention.

La différenciation par l’interaction varie le regroupement des apprenants, le but étant de fluidifier les échanges d’idées. Les membres d’un groupe sont échangés dans le but d’intensifier l’interaction.

Cette méthode améliore les relations entre tous les participants et entre les apprenants et l’enseignant. Elle booste la motivation. Elle favorise également l’épanouissement et l’acquisition de savoir et de savoir-faire. Par ailleurs, cette démarche encourage l’autonomie.

La différenciation par la production se concentre vers les résultats. Le formateur n’attend pas des élèves une reproduction d’un même résultat. Ses exigences sont l’originalité et la clarté sans sortir du cadre pédagogique. Les élèves sont amenés à fournir une œuvre personnel et unique sous la forme d’une vidéo, de graphiques, d’écrits, d’une présentation orale, de photographie…

La différenciation par la production permet aux formateurs d’apprécier l’interprétation des apprenants du programme pédagogique, conduisant à une évaluation différenciée.

La pédagogie différenciée prône la différence des individus. Elle assouplit l’apprentissage afin de faciliter son appropriation. La démarche rassemble les conditions favorables à la réussite : parcours personnalisé, auto-évaluation, et mise à disposition des informations nécessaires.
La pédagogie différenciatrice engendre les différences. Elle prend place dans la pédagogie scolaire et quelques fois dans l’andragogie (pédagogie des adultes). Dans le cadre d’un apprentissage scolaire, la pédagogie différenciatrice désigne l’influence que l’établissement d’enseignement exerce sur les performances et l’avenir professionnel de l’élève.
La pédagogie indifférenciée apparaît dans la transmission des connaissances de génération à génération, souvent dans le cadre d’un héritage. A titre d’exemple, au cours d’une passation, un propriétaire agricole livre son savoir, ses habitudes et ses compétences acquis au terme de plusieurs années d’expérience à ses successeurs.

Etape 1 : Cerner l’apprenant

Etant au cœur du processus, les élèves doivent être l’objet d’une analyse approfondie par le formateur. Celui-ci passe au peigne fin : le niveau d’intelligence et la discipline. L’objectif est d’évaluer son profil et de concocter un contenu pédagogique adapté. Cette première analyse détermine aussi le rapport à instaurer avec l’élève afin d’installer un climat de confiance et de respect.

Etape 2 : Agencer la classe

L’enseignement différencié implique un travail en binôme, individuel ou en îlot. La salle de classe doit alors être organisée en fonction. L’agencement des lieux doit faciliter la circulation et permettre au formateur de se glisser parmi les groupes, d’aider les stagiaires en difficulté tout en gardant une vue d’ensemble de la salle.

Etape 3 : Préparer le cours

La préparation passe en revue les objectifs pédagogiques préalablement défini en fonction du potentiel de chaque participant. Puis arrive le moment de mobiliser les outils à disposition. A ce stade, le formateur choisit un support (supports visuels, kinesthésiques, auditifs…).

Etape 4 : Assurer la gestion de la classe

Le formateur vérifie l’automatisme des apprenants qui devrait s’installer naturellement au terme de plusieurs semaines de pratique. Cette ultime étape permet de trouver un juste équilibre entre le rythme de chacun.

La pédagogie différenciée est un excellent moyen pour lutter contre l’échec scolaire. La stratégie a fait ses preuves dans ce milieu, car elle permet de :

Prendre conscience de la capacité des élèves ;
Débloquer le désir d’apprendre chez les élèves ;
Développer les capacités des élèves ;
Repérer et guider chaque élève sur le chemin d’insertion au sein de la société ;
Sortir les élèves du cercle vicieux de la répétition de situations analogues (engendrée par la pédagogie classique en milieu scolaire) ;
Conscientiser les élèves sur leur possibilité, leur potentiel et leur compétence.

La pédagogie différenciée distingue trois objectifs qui font sa force :

L’apprentissage par l’autonomie ;
L’enrichissement de l’interaction sociale ;
L’amélioration de la relation entre apprenants et formateurs.

La méthode engendre des inégalités de traitement entre les participants. Le formateur a tendance à traiter les élèves différemment à son insu. Le phénomène se produit quand il demande l’usage d’outils inaccessibles pour certains élèves. Ceux-ci sont alors pénalisés et contraints de se contenter d’activités simples.

De plus, la comparaison des compétences classe génère un sentiment malsain. Elle encourage la concurrence. D’autant que cette méthode valorise le résultat plutôt que le parcours d’apprentissage. Au final, elle atténue l’engagement et la motivation.